9.01 L’objectif du présent chapitre est de fournir une vue d’ensemble des tableaux des ressources et des emplois ainsi que du cadre entrées-sorties.
9.02 Le cœur du cadre entrées-sorties se compose de tous les tableaux des ressources et des emplois en prix courants et en prix de l’année précédente. Les tableaux entrées-sorties symétriques déduits des tableaux des ressources et des emplois sur la base d’hypothèses ou de données supplémentaires viennent compléter ce cadre.
Les tableaux des ressources et des emplois et les tableaux entrées-sorties symétriques peuvent être élargis et modifiés à des fins spécifiques, comme les comptes de la productivité, les comptes de l’emploi ou encore les comptes trimestriels, régionaux ou environnementaux en termes monétaires ou physiques.
9.03 Les tableaux des ressources et des emplois sont des matrices qui décrivent les valeurs des opérations sur produits de l’économie nationale classées par branche d’activité et par type de produit. Ils présentent :
9.04 Un tableau des ressources ventile les ressources de biens et de services par produit et par branche d’activité productrice, et fait la distinction entre les ressources provenant des branches intérieures et les importations. Le tableau 9.1 est une présentation schématique de tableau des ressources.
Ressources | Branches d’activité productrices | Reste du monde | Totaux |
Produits | Valeurs de la production | Valeurs des importations | Total des ressources par produit |
Totaux | Total de la production des branches d’activité | Total des importations | Total des ressources |
9.05 Un tableau des emplois détaille les emplois de biens et de services par produit et par type d’emploi. Les emplois apparaissent dans les colonnes de la manière suivante :
Dans les colonnes de la rubrique «Consommation intermédiaire par branche d’activité», le tableau indique les composantes de la valeur ajoutée brute, de la manière suivante :
Le tableau 9.2 ci-dessous est une présentation schématique de tableau des emplois.
9.06 Les identités suivantes s’appliquent dans les tableaux des ressources et des emplois :
Cette identité est valable uniquement si les ressources et les emplois sont évalués sur la même base, c’est-à-dire lorsque les ressources et les emplois sont tous deux évalués aux prix d’acquisition ou aux prix de base (voir points 9.30 à 9.33).
Pour chaque produit, l’égalité suivante se vérifie donc :
Au niveau de l’économie totale, la demande intermédiaire totale est égale à la consommation intermédiaire totale; les marges commerciales et de transport sont égales à zéro pour l’ensemble de l’économie car elles sont compensées par la production des branches réalisant ces marges; cette identité peut donc être exprimée ainsi :
production + importations + impôts sur les produits − subventions sur les produits = consommation intermédiaire + consommation finale + formation brute de capital + exportations
donc
production − consommation intermédiaire + impôts sur les produits − subventions sur les produits = consommation finale + formation brute de capital + exportations − importations, ce qui démontre l’équivalence des mesures du PIB selon l’optique de la production et selon l’optique des dépenses;
9.07 Les tableaux des ressources et des emplois constituent le cadre central pour les analyses par branche d’activité, notamment sur la production, la valeur ajoutée, la rémunération des salariés, l’emploi, l’excédent d’exploitation et le revenu mixte, les impôts (moins les subventions) sur la production, la formation brute de capital fixe, la consommation de capital fixe et le stock de capital.
9.08 Les tableaux des ressources et des emplois couvrent les flux enregistrés dans les comptes suivants :
Ces comptes illustrent la formation du revenu ainsi que les ressources et les emplois de biens et de services par secteur institutionnel. Les tableaux des ressources et des emplois peuvent compléter ces informations avec une ventilation par branche d’activité et en indiquant les variations des volumes et des prix. Les informations par secteur institutionnel dans les comptes des secteurs et les informations par branche d’activité dans les tableaux des ressources et des emplois peuvent être reliées au moyen d’un tableau de classification croisée, tel que le tableau 9.3 ci-dessous.
9.09 Le tableau 9.4 est un tableau entrées-sorties symétrique; il s’agit d’une matrice qui montre comment les ressources correspondent aux emplois à l’aide d’un classement de la production «produit × produit» ou «branche × branche» et décrit en détail les opérations de consommation intermédiaire et les emplois finals. Il existe une différence fondamentale entre un tableau entrées-sorties symétrique et un tableau des emplois: dans le tableau des emplois, les rubriques indiquent comment les produits sont utilisés par les branches d’activité en consommation intermédiaire, alors que dans un tableau entrées-sorties symétrique il existe deux présentations différentes :
9.10 La plupart des informations statistiques qui peuvent être obtenues des unités productrices portent sur les types de produits qu’elles ont produits et vendus et, souvent de façon moins détaillée, sur les types de produits qu’elles ont achetés et utilisés. Le format des tableaux des ressources et des emplois a été conçu spécialement pour accueillir ce type d’information (c’est-à-dire «produits utilisés × branche»).
9.11 À l’opposé, les données du type «produit × produit» ou «branche × branche» que requièrent les tableaux entrées-sorties symétriques ne sont souvent pas disponibles. Si les enquêtes menées dans les branches d’activité fournissent généralement des informations sur les types de produits qu’elles consomment pour la production et qu’elles fabriquent et vendent, il est rare de disposer d’informations concernant les entrées utilisées pour fabriquer des produits spécifiques.
9.12 Les données disposées sous forme de tableaux des ressources et des emplois constituent un point de départ pour la construction de tableaux entrées-sorties symétriques, de nature plus analytique. Les informations «branche × produit» contenues dans les tableaux des ressources et des emplois peuvent être converties en tableaux symétriques, en ajoutant des informations supplémentaires sur la structure des entrées ou en partant de l’hypothèse de structures des entrées ou de parts de marché identiques par produit ou par branche.
9.13 Les tableaux des ressources et des emplois et le cadre entrées-sorties combinent trois fonctions différentes :
9.14 Les tableaux des ressources et des emplois donnent une description systématique de la formation du revenu ainsi que des ressources de produits et des emplois par branche. Les développements des entrées et des sorties des activités de production des différentes branches sont présentés dans le contexte de l’économie nationale, c’est-à-dire en liaison avec les activités de production d’autres branches nationales et du reste du monde et avec la dépense de consommation finale.
L’un des principaux rôles des tableaux des ressources et des emplois est d’illustrer les changements qui surviennent dans la structure de l’économie, notamment les changements dans l’importance des différentes branches d’activité, les changements dans les entrées utilisées et les sorties produites ou les variations dans la composition de la dépense de consommation finale, de la formation brute de capital, des importations et des exportations. Ces changements peuvent refléter des développements tels que la mondialisation, l’externalisation, l’innovation et les évolutions dans les coûts de main-d’œuvre, les impôts, le cours du pétrole et les taux de change.
Les tableaux des ressources et des emplois en prix de l’année précédente sont utiles pour l’établissement des statistiques de croissance en volume du PIB, ainsi que pour décrire les évolutions de la structure économique en termes nominaux ou en volume. Ils fournissent également un cadre permettant de présenter les variations des prix nationaux et les changements dans les coûts de main-d’œuvre.
9.15 En utilisant les informations relatives à la production, aux dépenses et aux revenus pour construire les tableaux des ressources et des emplois et en rapprochant les estimations incohérentes, il est possible d’obtenir un ensemble fiable et équilibré de comptes nationaux, incluant les estimations d’agrégats clés tels que le PIB en prix courants et en prix de l’année précédente.
9.16 Pour la mesure du PIB aux prix du marché, on peut adopter trois approches de base: selon l’optique de la production, selon l’optique des dépenses et selon l’optique des revenus. Ces trois approches différentes sont utilisées pour dresser les tableaux des ressources et des emplois comme suit :
Lorsque les tableaux des ressources et des emplois sont équilibrés, une seule estimation du PIB aux prix du marché est calculée.
9.17 Les tableaux des ressources et des emplois sont particulièrement utiles pour estimer le PIB aux prix du marché selon les optiques de la production et des dépenses. Les principales sources de données à cet égard sont les enquêtes auprès des entreprises et les données administratives telles que les registres fiscaux de TVA et de droits d’accise. Les tableaux des ressources et des emplois sont également utilisés pour combiner des informations issues des optiques de la production et des dépenses en calculant et en équilibrant les ressources et les emplois au niveau des produits. Avec cette méthode, les ressources d’un produit spécifique sont calculées et allouées à divers emplois, notamment la dépense de consommation finale des ménages, la consommation intermédiaire et les exportations. L’optique des revenus ne conduit pas à un équilibrage aussi robuste car l’excédent d’exploitation et le revenu mixte sont généralement déterminés de manière résiduelle sur la base des informations issues des deux autres optiques. Cette optique des revenus améliore toutefois l’équilibrage des tableaux des ressources et des emplois lorsque la structure des composantes du revenu de chaque facteur peut être estimée. La cohérence des tableaux des ressources et des emplois et des comptes des secteurs peut être vérifiée en reliant les tableaux, comme indiqué au tableau 9.3. Cette confrontation peut aider à estimer le PIB aux prix du marché, en comparant des informations provenant des comptes de résultat des sociétés avec les estimations des branches équivalentes.
9.18 Les tableaux des ressources et des emplois servent un large éventail d’objectifs statistiques :
L’équilibrage des ressources et des emplois d’un produit est plus simple lorsque le nombre de produits distingués est plus élevé et que les données sources sont disponibles à ce niveau de détail. La qualité des résultats équilibrés en sera également améliorée; cela se vérifie en particulier lorsqu’il existe des lacunes dans les données.
9.19 L’un des principaux avantages des tableaux entrées-sorties sur le plan analytique est qu’ils permettent de mesurer non seulement des effets de premier ordre (par exemple les effets des changements dans les prix de l’énergie ou les coûts de main-d’œuvre), mais aussi des effets de second ordre et des effets plus indirects. C’est ainsi, par exemple, qu’une augmentation significative des prix de l’énergie affectera non seulement les branches d’activité qui en sont grosses consommatrices mais également celles qui utilisent les productions des précédentes. Ces effets indirects peuvent être très intéressants car ils sont parfois plus importants que les effets directs.
9.20 La nomenclature utilisée pour les branches d’activité dans les tableaux des ressources et des emplois et dans les tableaux entrées-sorties est la NACE, et celle utilisée pour les produits est la CPA. Ces deux nomenclatures sont tout à fait cohérentes entre elles: à chaque niveau d’agrégation, la CPA couvre les principaux produits des branches d’activité distinguées par la NACE.
9.21 Dans les tableaux des ressources et des emplois, la nomenclature des produits est au moins aussi détaillée que celle des branches d’activité, par exemple le niveau à trois chiffres de la CPA et le niveau à deux chiffres de la NACE.
9.22 Les nomenclatures de branches d’activité et de produits peuvent être fondées sur trois types de critères différents: l’offre, la demande et la taille. Aux fins de l’analyse de la productivité, les produits et leurs producteurs sont en principe classés par type d’activité de production. Pour analyser la demande, les produits sont classés en fonction de la similarité de destination (les biens de luxe, par exemple, sont regroupés) ou de la similarité des relations commerciales (type de point de vente, par exemple). En ce qui concerne l’analyse entrées-sorties, la même nomenclature de produits ou de branches d’activité est utilisée pour l’offre et pour la demande. La nomenclature est définie de telle manière que la taille de chaque classe représente une partie ni trop restreinte ni trop vaste de l’économie nationale. Dans le cas des nomenclatures internationales, cela signifie que l’importance quantitative de la plupart des classes est substantielle dans un grand nombre de pays.
9.23 Les nomenclatures de branches d’activité et de produits dans les comptes nationaux sont obligatoirement basées sur une combinaison de ces critères mais leurs origines sont également de nature historique. Elles sont majoritairement définies du point de vue des producteurs et conviennent donc moins bien pour analyser l’offre et la demande. Les statisticiens et les utilisateurs des données des comptes nationaux sur les branches d’activité et les produits doivent avoir une bonne notion de ce que chacun des groupes inclut et exclut effectivement, ainsi que de leurs implications. Par exemple, la branche des activités immobilières inclut les services des logements occupés par leur propriétaire et la branche des assurances exclut les administrations de sécurité sociale.
9.24 Les UAE locales d’une branche peuvent avoir des processus de production divers. Cela peut se traduire par des différences importantes en termes d’intégration verticale, avec des activités auxiliaires sous-traitées (par exemple services de nettoyage, de transport, d’administration et de cantine), la location de machines et d’équipements, une maind’œuvre embauchée par le biais d’agences de travail temporaire, et en termes de marketing. Cela peut également refléter des divergences entre producteurs légaux et illégaux ou entre producteurs de régions différentes.
9.25 En raison de l’importance économique variable des différentes branches et produits, des changements dans les processus de production et de l’apparition de nouveaux produits, les nomenclatures de branches et de produits sont mises à jour régulièrement. Il convient toutefois de trouver un équilibre entre la nécessité de se tenir informé des évolutions de l’économie et le besoin de comparabilité des données dans le temps combiné aux coûts induits par de tels changements majeurs pour les producteurs et les utilisateurs des données.
9.26 En règle générale, la nomenclature des produits dans les tableaux des ressources et des emplois est plus détaillée que la nomenclature des branches d’activité. Ceci tient principalement à quatre raisons :
9.27 La distinction entre production marchande, production pour usage final propre et production non marchande n’est pas nécessaire pour chaque groupe de produits et ne doit être établie que pour la production totale par branche d’activité.
9.28 La distinction entre producteurs marchands, producteurs pour usage final propre et producteurs non marchands est appliquée pour une branche d’activité si ces différents types de producteurs sont représentés. Donc, en général, cette distinction n’aura lieu d’être que pour un nombre très restreint de branches d’activité, par exemple les services de santé ou d’éducation.
9.29 Afin d’analyser l’économie des États membres d’un point de vue européen ou pour établir des tableaux des ressources et des emplois pour l’ensemble de l’UE, les importations et les exportations sont subdivisées en :
9.30 Dans le tableau des ressources, les flux de biens et de services sont évalués aux prix de base. Dans le tableau des emplois, ils sont évalués aux prix d’acquisition. Afin de parvenir à une évaluation cohérente pour les tableaux des ressources et des emplois, le tableau 9.5 illustre une transformation des ressources aux prix de base en ressources aux prix d’acquisition. Puisque les ressources sont égales aux emplois pour les produits, deux identités se vérifient alors :
9.31 La valeur ajoutée brute est enregistrée aux prix de base et se définit comme la différence entre la production évaluée aux prix de base et la consommation intermédiaire évaluée aux prix d’acquisition.
9.32 Le SEC n’utilise pas le concept de valeur ajoutée brute au coût des facteurs. Cet agrégat peut être obtenu en déduisant de la valeur ajoutée aux prix de base les autres impôts (moins les subventions) sur la production.
9.33 Pour passer des tableaux des ressources aux prix de base à des tableaux aux prix d’acquisition, il faut :
Une transformation analogue s’applique pour le passage des emplois aux prix d’acquisition aux emplois aux prix de base; elle revient cependant à déduire les impôts sur les produits et à ajouter les subventions sur les produits. Les tableaux 9.8 et 9.9 illustrent cette transition avec plus de détails. Ces tableaux servent également des objectifs analytiques, notamment les analyses des prix et les analyses des effets des variations des taux des impôts sur les produits.
9.34 Les tableaux suivants résultent donc de l’équilibrage des ressources et des emplois :
9.35 L’une des étapes du passage des prix de base aux prix d’acquisition pour les tableaux des ressources et des prix d’acquisition aux prix de base pour les tableaux des emplois consiste à réaffecter les marges commerciales: en cas d’évaluation aux prix de base, les marges commerciales sont enregistrées dans les échanges des produits concernés; en cas d’évaluation aux prix d’acquisition, elles sont affectées aux produits auxquels elles se rapportent. Il en va de même pour les marges de transport.
9.36 Le total des marges commerciales par produit est égal au total des marges commerciales réalisées par les branches du commerce et des marges commerciales des autres branches. La même identité s’applique aux marges de transport.
9.37 Les marges de transport comprennent tous les frais de transport acquittés séparément par l’acheteur et inclus dans les emplois de produits aux prix d’acquisition mais non dans les prix de base de la production d’un fabricant ou dans les marges commerciales d’un grossiste ou d’un détaillant. Elles comprennent notamment :
9.38 Tous les autres frais de transport des biens ne rentrent pas dans les marges de transport. C’est ainsi que :
9.39 Le tableau 9.7 offre une vue quelque peu simplifiée de la matrice des marges commerciales et de transport, pour les raisons suivantes :
9.40 Les impôts sur la production et les importations se décomposent comme suit :
Des catégories similaires sont prévues pour les subventions.
9.41 Les ressources aux prix de base comprennent les autres impôts moins les subventions sur la production. Pour passer des prix de base aux prix d’acquisition, les différents impôts et subventions sur les produits sont respectivement ajoutés et déduits.
9.42 Le tableau 9.8 relatif aux impôts moins les subventions sur les produits est simplifié sur les aspects suivants :
9.43 Les impôts et les subventions sur les produits correspondent aux montants exigibles uniquement lorsqu’ils sont matérialisés par des avis d’imposition, des déclarations, etc., ou aux montants effectivement payés. Lors de l’établissement des tableaux des ressources et des emplois, les impôts et les subventions sur les produits sont généralement estimés par produit en appliquant les taux d’imposition ou de subvention officiels aux différents flux de demande. Il convient toutefois d’examiner ensuite les écarts constatés par rapport à l’assiette de l’impôt ou aux montants effectivement payés.
9.44 La TVA peut être déductible, non déductible ou ne pas s’appliquer :
9.45 La TVA est enregistrée sur une base nette: toutes les ressources sont évaluées aux prix de base, c’està-dire hors TVA facturée, tandis que les emplois intermédiaires et finals sont comptabilisés aux prix d’acquisition, c’est-à-dire à l’exclusion de la TVA déductible.
9.46 Deux postes d’ajustement sont introduits dans les tableaux des ressources et des emplois pour rapprocher l’évaluation des importations qui y est faite et celle des comptes des secteurs institutionnels.
Dans le tableau des ressources, afin d’obtenir une évaluation comparable avec la production intérieure dans le même groupe de produits, les importations de biens sont évaluées sur une base cif. La valeur cif inclut les services de transport et d’assurance fournis par des résidents (par exemple, en cas de transport pour compte propre ou de transport effectué par des entreprises spécialisées résidentes). Pour obtenir une évaluation cohérente entre importations et exportations, il convient d’ajouter cette valeur aux exportations de services.
Dans les comptes des secteurs institutionnels, les importations de biens sont évaluées sur une base fob, c’est-à-dire sur le même plan que l’évaluation des exportations de biens. Toutefois, dans le cas de l’évaluation fob, la valeur des services de transport et d’assurance fournis par des résidents, qui est incluse dans les exportations de services, sera inférieure, car elle couvre uniquement les services fournis à l’intérieur du pays exportateur. Le recours à plusieurs méthodes d’évaluation a pour effet que, si les totaux nets des importations sont identiques que l’on applique une évaluation cif ou fob, les totaux à la fois des importations et des exportations seront plus élevés avec l’évaluation cif.
Il est possible de rapprocher ces deux méthodes d’évaluation en introduisant dans les tableaux des ressources et des emplois des postes d’ajustement pour les importations et pour les exportations. Ces postes doivent être égaux à la valeur des services de transport et d’assurance fournis par des résidents qui sont incorporés dans la valeur cif mais pas dans la valeur fob, c’est-à-dire ceux qui concernent le trajet entre la frontière du pays exportateur et celle du pays importateur. Une fois incorporés dans les tableaux des ressources et des emplois, ces postes d’ajustement ne nécessitent aucun traitement particulier dans le cadre des calculs entrées-sorties.
9.47 Le transfert de biens existants est enregistré dans le tableau des emplois en tant que dépense négative pour le vendeur et dépense positive pour l’acheteur. Pour le groupe de produits concerné, le transfert d’un bien existant correspond à un reclassement au sein des emplois, reclassement qui ne porte cependant pas sur les coûts de transaction qui sont enregistrés comme un emploi de services, par exemple services aux entreprises et aux professions libérales. À des fins de description et d’analyse, il peut être utile pour un certain nombre de groupes de produits de connaître l’importance relative des transferts de biens existants; c’est ainsi, par exemple, qu’il peut s’avérer intéressant de connaître le nombre de véhicules d’occasion sur le marché par rapport aux véhicules neufs, ou la part du papier recyclé dans la fourniture de produits à base de papier.
9.48 Pour bien interpréter les tableaux des ressources et des emplois, il est utile de rappeler quelques-unes des conventions comptables adoptées par le SEC :
Si aucune de ces deux conditions n’est remplie, toutes les entrées consommées par l’activité auxiliaire (notamment matières premières, main-d’œuvre et consommation de capital fixe) sont considérées comme des entrées intermédiaires de l’activité principale ou secondaire qu’elle sert;
À l’opposé, l’achat et la revente de biens à des non-résidents sans que les biens entrent dans l’économie du négociant doivent être enregistrés comme importations et exportations dans les comptes du producteur et de l’acheteur final, et une exportation nette de biens en négoce international apparaît dans les comptes de l’économie du négociant;
9.49 Le tableau 9.6 contient des informations supplémentaires: formation brute de capital fixe, stocks d’actifs fixes et emploi par branche d’activité.
Une ventilation entre salariés et travailleurs pour compte propre constitue, par exemple, une information supplémentaire intéressante. Les informations relatives à la formation brute de capital fixe et aux stocks d’actifs fixes par branche d’activité sont nécessaires pour le calcul de la consommation de capital fixe par branche d’activité et pour l’enregistrement de la TVA non déductible sur la formation brute de capital fixe. La présentation de l’emploi par branche d’activité est essentielle à des fins de calcul :
L’ajout d’informations sur l’emploi par branche d’activité est également utile pour l’analyse de l’emploi et de la productivité.
9.50 Les principales sources de données pour le calcul de la production par branche d’activité et par produit sont normalement les enquêtes économiques auprès des entreprises, les enquêtes sur la production et les rapports annuels ou les comptes des grandes entreprises. En règle générale, les enquêtes sont exhaustives pour les grandes entreprises et font l’objet d’un échantillonnage pour les plus petites entreprises. Pour certaines activités spécifiques, des sources de données différentes peuvent être pertinentes, par exemple pour les organismes de surveillance, les comptes des administrations publiques locales et centrales ou des administrations de sécurité sociale.
9.51 Ces données sont exploitées afin de préparer un premier ensemble incomplet de tableaux des ressources et des emplois. Ces derniers sont équilibrés en procédant en plusieurs étapes. L’équilibrage manuel à un bas niveau d’agrégation permet d’effectuer des vérifications importantes concernant les erreurs contenues dans les sources de données et les erreurs de système et en même temps d’apporter des modifications dans les données de base afin de corriger les écarts théoriques et les unités manquantes. Si le rapprochement se fait en utilisant un niveau d’agrégation plus élevé, un équilibrage automatique ou séquentiel très strict se traduit par l’absence de la plupart de ces vérifications car les erreurs s’annulent et les causes sont alors impossibles à retrouver.
9.52 Trois types de tableaux peuvent être utilisés à des fins d’analyse :
Les tableaux entrées-sorties symétriques peuvent être déduits des tableaux des ressources et des emplois en prix courants mais aussi en prix des années précédentes.
9.53 Le tableau 9.6 n’indique pas dans quelle mesure les biens et les services utilisés ont été produits dans le pays ou importés. Cette information est pourtant indispensable pour les analyses dans lesquelles le lien entre les ressources et les emplois de biens et de services au sein de l’économie nationale joue un rôle. C’est notamment le cas pour l’analyse de l’impact des variations des exportations ou de la dépense de consommation finale sur les importations, la production intérieure et diverses variables qui y sont liées comme l’emploi. Pour le cadre entrées-sorties, il serait avantageux de disposer d’un tableau des emplois pour les produits importés et d’un autre pour les biens et services issus de la production intérieure.
9.54 Le tableau des emplois de produits importés est établi en exploitant toutes les informations disponibles sur les emplois des importations. C’est ainsi, par exemple, qu’il est possible que l’on connaisse les principales entreprises qui importent certains produits ou le volume des importations de certains producteurs. Toutefois, en règle générale, les informations statistiques directes concernant les emplois des importations sont rares. Ces informations doivent donc être normalement complétées par des hypothèses relatives à l’affectation des groupes de produits aux emplois.
9.55 Le tableau des emplois des biens et des services issus de la production intérieure peut alors être obtenu en déduisant du tableau des emplois pour toute l’économie le tableau des emplois des produits importés.
9.56 En théorie, il existe quatre modèles de base pour la transformation d’un tableau des ressources et des emplois en un tableau entrées-sorties symétrique.
Ces modèles sont fondés sur des hypothèses portant soit sur la technologie, soit sur la structure fixe de vente. Le modèle le plus utilisé est l’hypothèse d’une technologie unique par produit, dans laquelle chaque produit est fabriqué selon un procédé spécifique qui lui est propre, quelle que soit la branche qui le produit. L’hypothèse souvent utilisée consiste à établir un tableau entrées-sorties «produit × produit». Le deuxième modèle le plus répandu s’appuie sur l’hypothèse d’une structure fixe de vente par produit (hypothèse fondée sur les parts de marché), dans laquelle chaque produit possède sa propre structure de vente spécifique, quelle que soit la branche qui le produit; cette méthode est souvent employée pour obtenir un tableau entrées-sorties «branche × branche». Des modèles hybrides qui combinent ces hypothèses sont possibles. Les modèles fondés sur l’hypothèse d’une technologie unique par branche d’activité ou sur l’hypothèse d’une structure fixe de vente par branche d’activité sont moins pratiques et présentent moins d’intérêt en raison de leur faible probabilité d’occurrence dans la pratique. Le chapitre 11 du manuel d’Eurostat sur les tableaux des ressources et des emplois et les tableaux entrées-sorties [Eurostat Manual of Supply, Use and Input-output Tables, 2008 ] contient un examen des différents modèles et processus de transformation.
9.57 Il n’est pas aisé de choisir la meilleure hypothèse à retenir dans chaque cas. Le choix dépend de la structure des branches d’activité nationales (par exemple, de leur degré de spécialisation) et de l’homogénéité des technologies nationales mises en œuvre pour fabriquer les produits d’un même groupe, et surtout du niveau de détail des données de base.
L’application pure et simple de l’hypothèse d’une technologie unique par produit conduit à des résultats inacceptables dans la mesure où les coefficients entrées-sorties obtenus s’avèrent improbables, voire impossibles, prenant la forme de coefficients négatifs. Ces coefficients peu plausibles peuvent s’expliquer en partie par des erreurs de mesure, en partie par le caractère hétérogène de la gamme de produits de la branche d’activité dont le produit transféré constitue la production principale. Cette difficulté peut être surmontée en procédant à divers ajustements soit en se basant sur des informations supplémentaires, soit en adoptant une approche faisant appel dans toute la mesure du possible à la logique et à l’expérience. Une autre solution consiste à retenir l’hypothèse d’une structure fixe de vente par produit. Dans la pratique, le recours à des modèles de technologie mixte combinés à des informations supplémentaires s’est avéré utile pour l’établissement des tableaux entrées-sorties symétriques.
9.58 Le tableau entrées-sorties symétrique peut être divisé en deux tableaux :
Ce dernier tableau devrait être utilisé pour calculer les coefficients cumulés, c’est-à-dire l’inverse de Leontief, qui correspond à l’inverse de la matrice obtenue en soustrayant de la matrice unitaire I la matrice des coefficients d’entrées techniques obtenue à partir de la matrice de la production intérieure utilisée comme consommation intermédiaire. L’inverse de Leontief peut également être calculé pour les importations. Il convient dans ce cas de partir de l’hypothèse que ces dernières ont été produites de la même manière que les produits intérieurs qu’elles concurrencent.
9.59 Les tableaux des ressources et des emplois et les tableaux entrées-sorties symétriques peuvent servir d’outils pour l’analyse économique. Les deux types de tableaux présentent des avantages différents. Les tableaux entrées-sorties symétriques sont facilement disponibles pour calculer non seulement les effets directs, mais aussi les effets indirects et cumulés. Ils peuvent également être de bonne qualité lorsque des connaissances d’experts et divers types d’informations statistiques ont été utilisées pour les établir à partir des tableaux des ressources et des emplois.
9.60 Les tableaux «branche × branche» sont parfaitement adaptés aux analyses relatives aux branches d’activité, notamment aux fins des réformes fiscales, des analyses d’impact, de la politique budgétaire et de la politique monétaire; ils sont aussi plus proches des différentes sources de données statistiques. Les tableaux «produit × produit» conviennent mieux aux analyses portant sur des unités de production homogènes, par exemple pour la productivité, la comparaison des structures de coûts, les effets sur l’emploi, la politique énergétique et la politique environnementale.
9.61 Toutefois, les propriétés analytiques des tableaux «produit × produit» et «branche × branche» ne sont pas tellement éloignées. Les différences entre ces tableaux sont dues à l’existence d’une production secondaire généralement limitée. Dans la pratique, les utilisations analytiques des tableaux entrées-sorties partent implicitement de l’hypothèse d’une technologie unique par branche d’activité, quelle que soit la manière dont les tableaux ont été établis initialement. Par ailleurs, tout tableau «produit × produit» est en fait un tableau «branche × branche» remanié car il contient toujours l’ensemble des caractéristiques des UAE institutionnelles et des entreprises des tableaux des ressources et des emplois.
9.62 En règle générale, il est fait appel aux tableaux des ressources et des emplois et aux tableaux entrées-sorties symétriques pour de nombreux types particuliers d’analyse, notamment :
En outre, un macro-modèle peut inclure uniquement les parts de coûts cumulés calculées à partir des tableaux entrées-sorties. De cette façon, les informations issues du tableau entrées-sorties concernant les effets directs et indirects (notamment l’importance des coûts de main-d’œuvre ou des importations d’énergie pour la consommation privée ou les exportations) sont incorporées dans le macro-modèle et peuvent être utilisées à des fins d’analyse et de prévisions.
9.63 À des fins plus spécifiques, les tableaux des ressources et des emplois et les tableaux entrées-sorties symétriques peuvent être modifiés par le recours à des nomenclatures supplémentaires ou de substitution. Les exemples les plus importants sont les suivants :
Pour ce qui est des importations complémentaires, notamment dans le cas d’une hausse soudaine des prix de l’énergie, les analyses se concentreront pour l’essentiel sur les effets des variations de leurs prix sur l’économie nationale;